ENSEIGNEMENT EN CPGE, PHONOLOGIE, LEXICOLOGIE ET LINGUISTIQUE ÉNONCIATIVE
(article publié en juin 2008 à la création de mon site Anglais CPGE)
La linguistique est une science qui a pour objet l’étude du langage, envisagé comme un système de signes : “elle a pour unique (...) objet la langue envisagée en elle-même et pour elle-même” (Saussure). Pour les enseignants, certaines branches de la linguistique (comme la grammaire et la phonétique) se sont trop longtemps limitées à la description de faits de langue, sans volonté d’identifier des systèmes sous-jacents qui auraient l’avantage d’enseigner la langue d’une façon plus productive et intuitive.
Grammaire et prononciation...
Deux branches de la linguistique ont animé les débats universitaires ces dernières années : la grammaire énonciative et la morphophonologie. La grammaire énonciative s’intéresse aux faits de langue, mais à la différence de la grammaire dite traditionnelle, elle cherche à rendre compte du fonctionnement contextuel d’une structure ou d’une unité linguistique, ce qui présente le double avantage de s’interroger sur les interactions entre unités linguistiques, et de cesser d’expliquer le fonctionnement isolé de ces unités, qui connaissent un nombre trop important d’exceptions ou de cas particuliers pour être enseignées en l’état. La morphophonologie a une approche comparable sur des unités plus petites, et dénuées de contenu sémantique, les phonèmes : l’apprenant étudie d’abord les phonèmes hors de leur contexte (les différentes prononciations de la lettre ‘a’ en anglais par exemple), puis apprend la hiérarchie des règles de prononciation, tout en découvrant des mots nouveaux, qui obéissent ou non à un fonctionnement, car il est clair que les exceptions sont, comme toujours en linguistique, nombreuses.
A propos du lexique...
En France, l’apprenant dispose d’un atout non négligeable : les racines lexicales du français sont fréquemment à l’origine de celles de l’anglais. Ce qui simplifie un peu la lourde tâche de l’apprentissage du vocabulaire... à l’écrit. A l’oral, les difficultés s’accumulent si vite que de nombreux élèves choisissent la facilité : la langue orale est massacrée, tant au niveau de la rythmique (la prosodie) que des sons produits par les voyelles et consonnes écrites de l’anglais. Claude Hagège soulignait que notre ‘accent potache’ méritait d’être corrigé par de nouvelles méthodes, non seulement beaucoup plus efficaces, mais qui motiveraient aussi davantage les apprenants par une approche plus productive que le mot à mot.
Objectifs généraux
L’objectif de mon enseignement linguistique est d’une part de compléter vos connaissances théoriques de l’anglais (la linguistique, en termes très généraux), de compléter ma formation en pédagogie et didactique sur le terrain et enfin de développer des outils vous permettant d’apprendre la grammaire et la prononciation de l’anglais sous forme de manuels, puis d’un support en ligne. Il s’agit pour moi, depuis trois ans maintenant, de transmettre ces fondamentaux le plus simplement possible à mes étudiants de classes préparatoires. Aujourd’hui, je m’applique à montrer à mes élèves de CPGE les grandes lignes de ces systèmes linguistiques, sans toutefois m’attarder sur les cas particuliers, que mes élèves découvrent eux- mêmes à l’occasion d’exercices ou lors d’une remarque en cours. Les articles publiés ici expliquent le fonctionnement de mes cours, systématisés tant que possible pour faciliter le travail d’apprentissage et la tâche d’enseignement et de transmission.
Remerciements
Je souhaite ensuite évoquer les motivations qui m’ont permis de mener à bien mes travaux universitaires et mes expériences professionnelles. J’ai choisi de travailler en alternance privé/public entre 1995 et 2008, et depuis 2008 au Ministère de la Défense, car j’ai toujours profité d’une liberté absolue dans l’élaboration de mes contenus d’enseignement. Je remercie les personnes qui ont choisi de me faire confiance, et de me laisser cette liberté, en particulier Jacqueline LAUNAY qui me proposa un poste de professeur de Mathématiques et Sciences physiques en 1995, et Anne-Marie LHERETE qui me proposa un poste de professeur d'anglais en classes préparatoires après l'agrégation en 2007.
Choix méthodologiques et approche
Mon approche se veut innovante, originale, mais aussi consensuelle et unioniste. Ce choix est pour moi fondamental : les querelles de spécialistes sont contre-productives, et toujours au détriment de l'apprenant. Les travaux de Jean-Charles KHALIFA en syntaxe et grammaire sont essentiels pour qui veut comprendre le fonctionnement de la langue anglaise, mais les différentes approches énonciatives, en particulier celles que m'ont transmises Pierre LABROSSE et Antoine CULIOLI. La portée des travaux de Jean-Michel FOURNIER sur la prononciation de l’anglais est fondamentale, car elle permet de rendre l'apprentissage conjoint du lexique et de la prononciation ludique. L’Education nationale pourrait davantage tirer profit de ce type d’approche pour l’apprentissage de l’anglais, dans un contexte politique timoré sur l’enseignement des langues étrangères en Europe. Mes convictions européennes sont unionistes : l’anglais est amené à devenir la forme commune de communication entre les citoyens européens, et pourrait devenir l’outil de cette cohésion sociale, culturelle et politique dont notre continent manque aujourd'hui. Mes élèves maîtrisent mieux l'anglais que leurs aînés, car ils bénéficient d'une immersion croissante, grâce en particulier à Internet. S'ils prennent le temps de lire et de synthétiser leurs connaissances par eux-mêmes, sans abuser du "copier- coller", ils deviendront ces citoyens européens qui justifient l'énergie que je (trans)mets dans ma passion, celle de professeur d'anglais en CPGE.
Dans l’espoir que l’école restera toujours une institution publique, je rappelle enfin la nécessité d’enseigner l’anglais de manière productive, et pas seulement dictée par de vieilles croyances et des préceptes sans fondement : l’approche énonciative compléterait la grammaire traditionnelle, la phonologie compléterait l’apprentissage de l’oral et l'enrichissement lexical par une pratique régulière en cours et en autonomie, mais aussi par une réflexion sur les outils théoriques. La culture, les échanges, et la confiance en nos élèves feront le reste. Ce laisser-faire me semble fondamental car il responsabilise l’élève et le rend progressivement autonome. De plus, il redonne ses titres de noblesse au métier de professeur en lui offrant le plus beau des présents : celui de voir l’élève dépasser un jour le maître. J’envisage de poursuivre ce défi personnel et professionnel, car il n’est de défi que celui qui nous survit.
